Et si la colline sur laquelle les jardins ont pris racines à Nîmes était, elle-aussi, « inspirée » ? À l’instar de celle qui prête son décor au célèbre roman de Maurice Barrès1, la Fontaine et ses jardins fondent à la fois la mythologie, l’histoire et le présent de la ville et de ses habitants. L’on aurait pu tout aussi bien commencer cet article par la phrase clé qui ouvre l’ouvrage de cette figure emblématique et clivante du nationalisme : « Il est des lieux où souffle l’esprit. » À ceci près que, si les lieux, par leur diversité et leur imposante plénitude, laissent à loisir vagabonder l’esprit, ils sont plus justement perçus, à défaut de connaître l’origine de leur inspiration, comme « inspirants ». Voire « aspirants »… car ces jardins aimantent les Nîmoises et les Nîmois depuis l’enfance tout comme ils leur permettent de se régénérer, « se ressourcer » serait-il plus juste de dire, à chaque visite.
À même enseigne, les jardins de la Fontaine inspirent les poètes, les joggers du petit matin, les enfants toujours en quête de jeux nouveaux, les amoureux et… les photographes. En capter la beauté toujours renouvelée est l’enjeu gourmand de ces hypnotiseurs d’instants toujours soucieux de cerner, d’une image à l’autre, les couleurs changeantes des saisons, les lumières qui sculptent la luxuriance ou la minéralité, les mondes abstraits qui se reflètent dans une eau tantôt mouvance, tantôt miroir, le mystère des allées infiniment perdues dans la verdure, les vies intimes qui peuplent le silence de leur langueur ou de leur soif de vivre…
Et ces images, qu’inspirent-elles elles-mêmes ?
Fidèles à une démarche entamée avec un premier ouvrage, Signes d’étangs, où l’eau constituait le fil conducteur d’un voyage au cœur des symboles, puis un second, Chaos, Nîmes-le-Vieux, où la parole se jouait de la fantasmagorie toute minérale d’un site granitique2, Pierre Rivas (photos) et Roland Vaschalde (textes) ont voulu apporter leur (petite) pierre à l’édification d’une « littérature » spécifique des jardins. L’un retient des instants de ces lieux inspirants, l’autre en fait parler les images. Avec originalité, beaucoup de poésie, un brin de philosophie, de manière décalée, avec un soupçon d’humour… selon. C’est l’origine et le ciment de ces Jardins aux reflets de Nîmes3 qui, après l’eau et la terre, ont voulu composer avec l’ « R ». R comme Rêverie, Récréations, Reflets, Rayonnement… Rideau. Les étapes d’une balade imaginaire et imaginative en forme d’hommage à ce lieu patrimonial nîmois.
Désormais bien plantée avec l’ouvrage de Philippe Ibars qui la cultive depuis longtemps par son regard avisé d’amoureux des jardins, cette « littérature » à la fois narration par le texte et par l’image, attend ses nouveaux « récits ». Ses fascinantes aventures.
Pari est pris que ce magazine montrera que le sujet est inépuisable !
- La Colline inspirée, éditions Emile-Paul Frères, Paris 1913
- Signes d’étangs et Chaos Nîmes-le-Vieux aux éditions de la Fenestrelle, 2015 et 2017
- Les jardins aux reflets de Nîmes aux éditions de la Fenestrelle, 2017.
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