Last updated on 15 novembre 2019

Officiellement, Frédéric Roux est un éleveur d’animaux sauvages.
C’est en tout cas l’appellation officielle de son activité.
Et pour partie, il exerce cette activité dans les jardins de la Fontaine.
Eh oui, il y a des animaux sauvages dans les jardins de la Fontaine.
Frédéric Roux est apiculteur.
Il a installé sept ou huit ruches derrière le temple de Diane, déesse tutélaire d’un lieu propice à la chasse aux animaux sauvages, donc, mais Frédéric Roux ne chasse pas les abeilles, il les élève et commercialise (fonction officielle de sa fiche métier) les produits de son élevage. Le miel qu’il récolte, aidé de ses abeilles, a pour nom Rucher du temple de Diane.

Sa production est très modeste mais de très haute qualité.
Dans la carte des desserts de l’excellent restaurant de Vincent Croizard, à Nîmes, on peut lire, avant de déguster :
« Le Miel du Temple de Diane, Inspiration tilleul, croquant de chocolat blond, sorbet à la clairette de Terre des Chardons »
Pas mal, comme référence…
Mais Frédéric Roux est avant tout un passionné, bien sûr, comme le sont tous les apiculteurs. Il a une vingtaine de ruches, certaines en Cévennes, et le cadre plus que bimillénaire dans lequel il bichonne ses abeilles nîmoises lui est un enchantement de tous les jours.
De plus, partant du temple de Diane, ses butineuses vaquent dans un rayon exempt de produits phytosanitaires, donnant un miel savoureux qu’on peut qualifier de « bio », miel de tilleul apprécié par les insomniaques par exemple. Il y a au moins quatre variétés de tilleuls (peut-être aussi d’insomniaques) dans les jardins de la Fontaine. Les tilleuls ont cependant une floraison courte, ce qui limite la récolte du miel. Les abeilles cévenoles de Frédéric Roux produisent par exemple au moins quatre fois plus de miel de châtaignier.
Le miel de Frédéric Roux, qu’il soit de tilleul ou de châtaignier est de surcroît produit avec du miel, rien que du miel. Il refuse en effet de nourrir ses abeilles, avec du sucre ou du sirop comme le font occasionnellement d’autres apiculteurs par nécessité lorsque la ruche n’est plus auto-suffisante, ou, plus systématiquement, des producteurs industriels. Ses abeilles sont autonomes, il y veille et lorsqu’il prélève sa part de miel, il fait en sorte de leur laisser toute la quantité dont elles auront besoin pour leur consommation. En fait, on a tendance à l’oublier, si les abeilles font du miel, ça n’est pas pour nous a priori, c’est bien pour elles !

Le berger des abeilles du temple de Diane est intarissable sur sa passion. Il vous parle de ses abeilles comme un sociologue le ferait d’une cohorte humaine. Les ruches abritent des butineuses, des ouvrières, des architectes, des intendantes, des ventileuses, des nettoyeuses, des croque-morts, des nourricières, des mâles et la reine, bien sûr, grande fécondeuse qu’il montre fièrement avec sa marque rouge distinctive. Il est toujours étonné par leur comportement, cette organisation hyper complexe qu’elles se transmettent malgré la brièveté de leur vie, quelques semaines à peine. Chaque abeille a sa fonction et chaque abeille passe par toutes les fonctions. Karl von Frisch, le célèbre éthologue, a percé les mystères du système de communication de l’abeille, capable, au moyen d’une danse, d’indiquer à ses congénères où trouver la zone de butinage sans avoir à les y conduire. On pensait avant von Frisch que seuls les êtres humains, doués du langage, avaient cette faculté. Non de danser, mais de se transmettre des messages de manière aussi abstraite.
Les abeilles ont finalement beaucoup à nous apprendre, pense Frédéric Roux, et notamment sur nous ! Encore faut-il qu’elles ne soient pas menacées par tout ce dont la terre souffre aujourd’hui : dérèglement climatique, canicules, pollution, menaces sur la biodiversité et parfois même vandalisme…
Be First to Comment